Communiqué de presse

Déclaration des Ministres de la Défense du BENELUX sur la mise en oeuvre de la Boussole Stratégique

Les dirigeants européens ont approuvé dernièrement la boussole stratégique de l'Union européenne.

Il s’agit d’un plan d'action pour les 5 à 10 prochaines années qui vise à renforcer la coopération de l'UE en matière de défense. La décision de Poutine d'envahir l'Ukraine a affûté l'aiguille de cette boussole, alors que la guerre est revenue sur notre continent européen. Récemment, nous avons été témoins des terribles images et rapports de Bucha et Irpin. Des atrocités commises contre d’innocents Ukrainiens. Ces crimes de guerre doivent être documentés et investigués de manière à pouvoir traduire en justice ceux qui en sont responsables.

La boussole stratégique nous oriente vers un avenir qui garantit la liberté de nos sociétés ouvertes et démocratiques, deux soft powers qui nous définissent. A côté de cela, et afin de protéger à la fois nos valeurs et notre sécurité, nous avons besoin de hard power. C’est à cette fin que, en tant que ministres de la Défense de la Belgique, du Luxembourg et des Pays-Bas, nous sommes déterminés à faire passer au niveau supérieur la coopération européenne en matière de défense.

Jamais l’Union européenne n’a été aussi prompte à renforcer sa coopération en matière de défense, en ajoutant ses nombreux atouts à ceux de l’OTAN. L'UE dispose de fonds multiples, pour un total avoisinant les 15 milliards d'euros. Elle devrait ainsi pouvoir stimuler le développement conjoint de capacités, investir dans la mobilité militaire, financer la livraison d'armes aux pays partenaires et renforcer la stabilité grâce à une gestion de crise et des missions de formation.

Tout ceci n’est qu’un début. Ensemble, nous allons investir davantage dans les capacités de défense et renforcer notre résilience face aux cybermenaces et aux menaces hybrides. Nous renforcerons notre capacité à agir dans les situations de crise et à contrer les risques sécuritaires liés à l'évolution de l'environnement mondial et notamment au changement climatique. Nous pourrons ainsi accroître la contribution européenne à l'Alliance transatlantique et par là même renforcer l'OTAN, qui reste la pierre angulaire de notre défense collective. Cela nous permettra enfin de renforcer la capacité de l'UE à agir par elle-même si nécessaire, notamment lorsqu'il s'agit de gérer des crises dans son propre voisinage.

Les États membres de l'UE mettront en place une capacité de déploiement rapide de 5.000 militaires qui pourront être déployés dans le cadre d’opérations d'évacuation et de stabilisation. L’Allemagne en prendra les commandes en 2025. Le Luxembourg fournira des communications par satellite et assurera la surveillance de l'espace et les Pays-Bas mettront 150 militaires, des véhicules blindés Boxer et une unité médicale à disposition. La Belgique prendra part en 2024 aux groupements tactiques (battlegroups) de l'UE. Ceux-ci serviront de base à cette capacité de déploiement rapide. La Belgique envisage également de participer à la capacité de déploiement rapide en 2025, avec des capacités de niche. L'UE renforcera aussi son quartier général militaire à Bruxelles, sachant que nous avons besoin d'un commandement et d'un contrôle appropriés pour planifier et mener nos opérations militaires européennes.

La facilité européenne de soutien à la paix, qui existe depuis un an, permet à l'UE de financer la livraison d'équipements et d'armes aux pays partenaires. Au total, 20 % de son budget de 5 milliards d'euros ont été utilisés pour financer la livraison d'armes et de

soutien non létal à l'Ukraine, afin de permettre à l’armée ukrainienne de mieux se défendre contre l'agression russe.

Le Fonds européen de la défense, doté de 8 milliards d'euros, est destiné à inciter les États membres et les industries de défense à collaborer davantage au développement et à l'acquisition de capacités de défense. Nous pouvons ainsi unir nos forces sur le plan financier et renforcer notre interopérabilité dans les opérations. La récente décision prise par de nombreux pays européens d'augmenter leurs investissements en matière de défense devrait nous inciter à accroître notre coopération dans ce domaine. Nous n'avons pas seulement besoin de "plus" d'Europe, nous avons besoin d'une Europe plus forte.

La Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas ont également de bons antécédents de coopération pratique en matière de défense. Ceux-ci profitent à la fois à l'UE et à l'OTAN. Les marines néerlandaise et belge travaillent en étroite collaboration depuis 1948. Les états-majors opérationnels de nos marines sont intégrés à l'Amirauté Benelux. Nous travaillons ensemble à la formation du personnel militaire, à l'acquisition et à l'entretien de nos navires et nous sommes indissociables sur le plan logistique. La Belgique et les Pays-Bas développement conjointement de nouvelles frégates et des navires de lutte contre les mines. La Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas ont l'intention d’acquérir, d’entretenir et d’exploiter conjointement des drones de reconnaissance.

Le Benelux partage des avions et des heures de vol dans l'unité multinationale MRTT (Multi Role Tanker Transport) de l'OTAN. La Belgique et le Luxembourg exploitent conjointement une flotte de huit avions de transport, contribuant ainsi aux exigences clés en matière de capacité dans le domaine du transport aérien stratégique et de la mobilité militaire. Ces capacités nous ont permis d'évacuer un grand nombre de nos citoyens ainsi que de citoyens afghans de Kaboul en août dernier.

La Belgique et les Pays-Bas surveillent conjointement l'espace aérien du Benelux dans le cadre de la police aérienne de l'OTAN. En novembre, des avions de chasse belges ont décollé pour intercepter deux bombardiers russes survolant la zone de la mer du Nord surveillée par les Néerlandais.

Notre coopération bilatérale et trilatérale est multiple et de longue date. Elle témoigne d'un niveau de confiance élevé. Nous espérons qu'elle pourra servir d'exemple pour une coopération militaire européenne à plus grande échelle.

Poutine a atteint l’opposé de son objectif de diviser l’UE et l’OTAN. Sa décision d'envahir l'Ukraine agit comme un turbocompresseur pour la cohésion européenne. Nous sommes devenus plus unis, plus déterminés, plus concentrés sur nos intérêts collectifs, tant au sein de l'Union européenne que de l'OTAN. En ce qui concerne la défense de l'UE, la boussole stratégique nous ouvrira la voie. En tant que pays du BENELUX, nous sommes pleinement engagés à jouer notre rôle et à mettre ces plans en œuvre.